Que voir à Belfast ?

Adoratrice de la mer et du Street Art

Commençons par une parenthèse historique : le projet Titanic est le reflet d’une période de prospérité irlandaise. Une époque pleine de rêves ambitieux, tournés vers le grand large. Les chantiers navals de la ville étaient à l’époque, les plus performants au monde. Ils tournaient à plein régime lorsque la célèbre compagnie anglaise « White Star Line » s’est rendue à Belfast pour passer une commande hors norme auprès du constructeur « Harland & Wolffs ». C’est en 1912 qu’est né « le paquebot de rêve », le Titanic, une incommensurable fierté pour les habitants de Belfast et le pays tout entier.
En hommage à la prouesse de ce chantier inédit, les autorités irlandaises ont construit le musée du Titanic, directement sur son lieu de naissance. Il sera inauguré en 2012 pour le centenaire du naufrage. Les dimensions hors normes du bâtiment sont à la hauteur du paquebot disparu, récréant ainsi la sensation de domination absolue qu’il suscitait. La façade scintillante est recouverte de larges plaques d’aluminium, soulignant la forme d’étoile du bâtiment. Cette forme atypique symbolise à la fois la compagnie à l’origine du géant marin et la proue gigantesque du bateau. Le musée représente également un investissement colossal, témoignant d’une volonté de créer un nouvel essor pour le tourisme en Irlande du Nord.
Un point essentiel est fait sur le contexte économique de Belfast, l’histoire de la ville et la place centrale des chantiers navals de l’époque.
À l’intérieur, l’expérience est follement interactive. Les projections et animations digitales vous emportent totalement dans l’aventure du Titanic. Le chantier, sa machinerie interne, ses aménagements somptueux et sa finalisation. Jusqu’au drame qui l’envoya tragiquement par le fond. Le plus célèbre naufrage du monde causa la mort tragique de 1500 passagers. Sur un ton plus léger, le tour stimulera vos sens jusqu’à l’odorat. On y projette même des personnages d’époque dans leur expérience à bord, c’est inouï. De quoi faire figurer ce musée en tête de votre liste d’incontournables !

Fièrement installé dans le centre-ville de Belfast - capitale de l’Irlande du Nord - l’hôtel de ville s’impose en tant qu’édifice symbolique de la ville. Sa construction démarra à la fin de l’ère victorienne et s’acheva en 1906. Il témoigne d’une période de prospérité économique en Irlande du Nord. Son élégante devanture en pierres blanches de style classique, ses touches de rococo et ses impressionnantes colonnes, surplombées d’un dôme de cuivre, font tout son caractère. D’ailleurs, ses faux airs du Capitole de Washington donnent au cœur de ville un cachet indéniable.
L’hôtel de ville consolera les amateurs de clichés patrimoniaux, probablement déçus par l’ultra modernisation de Belfast. Lorsque l’extérieur majestueux orné de détails sera passé au crible de leur objectif, il sera temps de pénétrer le bâtiment.
L’entrée se fait librement et la visite est gratuite, pourquoi se priver ? Dès les premiers pas dans le hall en marbre coiffé d’une superbe coupole aux dimensions spectaculaires. Le ton est donné. Chacune des plus grandes pièces, dans leurs infimes détails, arbore un style fastueux. Rendez-vous dans la salle de réception pour en voir le parfait exemple. Une fois rassasié.e de l’histoire de Belfast et d’architecture ancienne, orientez-vous de nouveau vers le jardin. S’il est déjà l’heure du déjeuner, les travailleurs du coin l’auront probablement déjà investi pour casser la croûte au grand air. Suivez l’exemple, une pause s’impose.
Enfin, avant de filer, faites un passage devant le mémorial du Titanic tout proche. Les noms des 1500 disparus du 15 avril 1912 sont énumérés sur de vastes plaques commémoratives. Les passagers vinrent des 4 coins du globe pour rejoindre l’Amérique à bord de la prouesse maritime jamais construite à l’époque. Il est bon de s’en souvenir.

Pour un quasi-retour sur les bancs de l’école, faites un tour à la sublime Queen’s University située dans la région sud de Belfast. Environ 18 000 étudiants y sont inscrits et nombre d’entre eux logent directement dans le Queen’s Quarter. Ce dernier est un adorable quartier « dortoir » bourré de charme que je vous conseille vivement d’explorer. L’université - et les environs - est totalement investie par la jeunesse d’étudiante, naturellement.
Plus en détail, la Queen’s University se compose d’une façade en brique rouge resplendissante agrémentée de tourelles. L’ensemble des bâtiments qui constituent l’université datent de l’époque victorienne et furent inspirés par le Collège d’Oxford. Promenez-vous sur la pelouse de ce lieu transpirant de savoir, avant de faire une pause dans un café cosy du coin. Si vous vous rendez à Belfast courant novembre, rapprochez-vous du Visitor Center, près de l’entrée principale de l’université. À cette période, de nombreuses animations, spectacles et concerts sont organisés dans le quartier.

Arpentez ce vaste jardin botanique lorsque le soleil est au rendez-vous. À l’entrée, vous serez salué par une statue de William Thompson, un physicien reconnu et originaire de Belfast. L’endroit prend souvent une allure de salle d’étude en plein air, tant les étudiants voisins apprécient les 11 ha de nature pour se détendre au cours de la journée. Plus encore lorsque le soleil pointe le bout de son nez !
La pente douce du terrain descend jusqu’à la Lagan, le long fleuve qui serpente à travers Belfast. Cette même pente vous conduira tranquillement jusqu’à la serre tropicale, « Tropical Ravine ». Sous cette serre, la chaleur humide vous pèse sur les épaules à longueur d’année. 35 °C à l’intérieur, cela se sent, surtout en Irlande du Nord ! On les supporte tout de même, le temps d’admirer les beaux spécimens exotiques qui s’épanouissent sous cette cloche de verre géante. WLa collection est une vraie merveille ! Celle-ci ne rivalise pourtant pas avec la beauté de la serre aux palmiers. Il s’agit d’ailleurs d’une des plus anciennes serres de ce style en Europe. La « Palm House », notre coup de cœur du jardin, est constituée d’un édifice en verre raffiné en verre coiffé d’une coupole. N’hésitez pas à faire durer la balade, c’est une serre dont vous vous souviendrez longtemps.

Quittez donc la vie active des rues de Belfast pour conquérir l’Est de Cave Hill. En contrebas, le Château de Belfast vous propulsera tout droit dans la vie aristocratique du XIXe siècle. Car, bien que le château et ses superbes jardins aient été cédés à la ville en 1934, les figures de noblesse s’y sont bel et bien succédé. Comme le premier propriétaire et constructeur des lieux Charles Lanyon ou la troisième marquise de Donegal. Malgré sa destruction et de nombreuses rénovations, on ressent toujours le style typiquement écossais qui décore les murs. Les espaces verts, magnifiquement entretenus à la française, vous donneront une idée du haut niveau de raffinement du château. L’extérieur abrite d’ailleurs un restaurant de luxe où certains prendront plaisir à prendre un cocktail après la visite.

J’adore les marchés, devinez pourquoi ? Parce qu’il n’y a rien de tel pour prendre le pouls d’une ville et en apprendre plus sur le quotidien des habitants, en toute simplicité. Le marché de Saint Georges s’annonce comme une étape riche en découvertes et en saveurs. Déjà à l’extérieur, les briques rouges du bâtiment victorien vous mettent dans une ambiance populaire et ma foi, chaleureuse. L’artisanat irlandais et les produits frais sont bien évidemment mis à l’honneur. À côté de la cuisine du monde qui s’y est fait une place. Le tout s’anime au rythme de la musique traditionnelle. Pensez bien à vous attabler pour déguster vos trouvailles et quelques fruits frais en regardant le petit monde vaquer à ses occupations. Juste devant les musiciens endiablés si possible ! Mon verdict : Saint Georges market, c’est une pause – et une découverte - qui fait du bien.

En vous promenant sur le Quai Donegall en direction du centre, vous tomberez sur une arête de 10 m de long. Communément appelé « The Big Fish » aussi connu sous le nom de « Salmon of Knowledge ». Il s’agit d’un poisson géant en céramique bleu, qui est également une œuvre emblématique de la ville. Pourtant, on en parle peu. Il est composé de grands carreaux de céramique bleue, tous différents par leur taille et leur forme. Les couleurs vont du bleu profond au bleu argenté, dont le reflet donne cette impression d’écailles brillantes. En vous approchant de ces drôles d’écailles, des textes et des illustrations retraçant l’histoire de Belfast se révéleront à vous. Décidément, dans le coin, une œuvre peut en cacher une autre !

Dirigez-vous vers la partie sud des Botanic Gardens, c’est là que vous arriverez au Ulster Museum. La visite est gratuite. On l’apprécie pour la diversité des domaines exposés sur une surface généreuse de plus de 8 000 m2. On retrouve notamment les arts plastiques, religieux et décoratifs – les artistes britanniques et irlandais seront mis à l’honneur - et l’artisanat traditionnel. Les sciences naturelles sont aussi fabuleuses, remarquez le squelette de renne géant datant de l’ère glaciaire. Ainsi que la vaste section Histoire, comportant des pièces notables comme le Trésor de l’Invincible Armada ou le déroulé du conflit nord-irlandais.
La section Histoire retrace, entre autres, l’histoire du pays depuis la préhistoire jusqu’à nos jours. On marque un temps d’arrêt sur la longue période du conflit Nord-Irlandais. Cette large partie, très bien détaillée, permet aux visiteurs d’en saisir toute l’ampleur. Les images, photos et vidéos d’époque, illustrent clairement le climat de violence, d’attentats et de terreur qui planait sur la région et les habitants.
On comprend davantage comment ce funeste conflit a marqué au fer rouge la population irlandaise et continue de se ressentir jusque chez les plus jeunes générations.

Pénétrez si vous l’osez, cette ancienne prison de Belfast, ouverte de 1845 à 1996. Il est certain que cette expérience ne vous laissera pas indifférent.e. Surtout s’il s’agit d’une première en la matière. On vous y expliquera l’organisation bien particulière qui rythmait la vie carcérale. L’endroit n’est pas sans rappeler « La Ligne Verte » de Franck Darabont, bien qu’ici, aucune souris espiègle n’avait la charge du divertissement. Vous pourrez traverser le tunnel souterrain qui relie la Palais de Justice à la prison, d’une traite. Ce même tunnel qu’empruntèrent des milliers de prisonniers irlandais, dont la culpabilité était, sans nul doute, une affaire d’État. Une fois libéré, vous saurez tout du quotidien rigoureusement timé des prisonniers, de l’intérieur digne des plus grands films hollywoodiens et, pour les plus braves, des sinistres quartiers des condamnés à mort…

Comme évoquée plus haut, la période des « Troubles » a scarifié l’histoire de l’Irlande du Nord. Belfast figure parmi les principaux théâtres de ces longues années de violence. Alors que la liberté d’expression était largement reniée au cours de cette longue période, les Street Artistes n’ont pas hésité à prendre les rues d’assaut pour scander leur frustration et leurs messages aux yeux du monde. Parmi les milliers d’œuvres de Street art que l’on recense en Irlande, Belfast arbore les plus importantes d’entre-elles. Partout, l’Art n’a cessé de témoigner de la fracture idéologique – encore palpable - qui déchirait la population. Les artistes avaient à cœur de placarder cette vérité sanglante aux yeux de tous, directement sur les murs de la ville.
De nos jours, les kilomètres de fresque sont très appréciés des visiteurs et font partie intégrante du patrimoine de Belfast. Nombreuses sont les compagnies proposant des services de guides explicatifs pour ajouter un bon complément d’information à votre quête.