Ascension du volcan Semeru

Une expérience inoubliable

À 4h30, le muézin lance l’appel à la prière et réveille tout le village de Ranu Pani, point de départ de l'ascension du Semeru. C’est encore un peu tôt pour se lever mais cela tombe bien car il vaut mieux commencer de bonne heure la journée de marche qui vous attend. Si le temps est douteux, Thomas vous donnera des conseils avisés. Il est recommandé d’emballer toutes vos affaires dans des sacs poubelles étanches avant de les tasser dans votre sac à dos.

Le chemin qui mène au Semeru commence chez Thomas. En sortant de chez lui, il suffit de prendre à gauche et descendre la rue principale du village. Il faut la suivre puis emprunter le chemin bien marqué qui s’engage sur la droite, juste avant que la route ne pénètre dans la forêt et ne passe sous un portique de bienvenue. Le reste du parcours est évident.

Avant de quitter Ranu Pani, vous faites une halte au poste de garde du parc. Vous vous enregistrez, remplissez plusieurs formulaires, payez votre droit de passage, le tout à la vitesse de la bureaucratie locale. On vous demandera peut-être votre aptitude à monter au-delà des 3700 m…

La première partie du chemin traverse une jungle luxuriante parsemée de grands arbres, de lianes et de fougères arborescentes. Si vous êtes chanceux et silencieux, vous pouvez croiser des singes. Par contre, vous rencontrerez à coup sûr des étudiants indonésiens car le Semeru fait partie des grands classiques à faire au moins une fois dans sa vie. Leur enthousiasme et leur bonne humeur communicative redonne une dimension plus familière à l’ambiance majestueuse des lieux.

Trois heures de marche et 400 m de dénivelé plus tard, vous atteignez le lac Ranu Kumbolo. Vous venez de parcourir une bonne moitié de la randonnée (en temps et en dénivelé). C’est le moment d’utiliser vos pastilles désinfectantes pour refaire les réserves d’eau car le lac est la dernière source d’approvisionnement que vous rencontrerez sur votre route.

Un des objectifs de cette journée est d’assister au lever de soleil depuis le sommet du Semeru. Le compte à rebours est simple : sachant que le soleil émerge vers 5h et qu’il faut 4h30 pour parcourir les 1000 derniers mètres de dénivelé, cela implique un départ à minuit et demi, soit un réveil à minuit ! Pas de panique, la nuit sera de toutes les façons assez courte, car à moins d’être parfaitement équipé pour cette altitude et ces températures, il y a toutes les chances pour que ce soit la plus mauvaise de l’année !

A 0h30 donc, vous vous mettez en marche à la lueur de vos lampes. Le chemin monte tout droit dans la forêt, au milieu des ravines creusées par l’érosion et les nuées ardentes. Au bout d’1h30 à 2h, la forêt s’arrête nette pour laisser la place à une immense pente de cendre inclinée à 30 – 35°.
Il n’y a plus d’obstacle pour vous protéger des vents glacials qui courent autour du sommet. Le chemin continue tout droit, dans la poussière profonde. Il est plus ou moins balisé par des piquets et des fanions, mais reste relativement facile à suivre. La marche est éprouvante. Deux pas en avant et un pas en arrière.

Rien ne sert de se presser vers le sommet, le but étant d’arriver juste avant le lever de soleil. Ceux qui ont pensé à monter leur duvet sont les mieux lotis pour attendre le début du spectacle en plein vent !

Lorsque le soleil fait son apparition au-dessus de la mer de nuage, c’est un véritable feu d’artifice de couleurs qui se déploie sur 360°. Le paysage devient absolument extraordinaire. Vous assisterez certainement à de belles explosions de cendres. Attention, ne vous fiez pas au bruit car d’énormes panaches de fumées peuvent parfois exploser dans le silence le plus complet. Pour cette raison, ne tournez jamais le dos à la zone éruptive. Protégez vos appareils photo si vous vous trouvez exposés sous une pluie de cendres fines.

Le chemin de retour se fait par le même itinéraire. La seule différence est qu’il vous faut moins d’une demi-heure pour redescendre les 700 m de cendre que vous avez montés péniblement en 3h. A la descente, vous pouvez nouer des sacs plastiques autour de vos chevilles pour empêcher la cendre de rentrer trop vite à l’intérieur de vos chaussures.

Le trajet entre Kalimati et Ranu Pani est assez long mais la perspective de la douche chaude chez Thomas est très motivante ! Si le retour est trop long, il est toujours possible de camper au lac de Ranu Kumbolo, et de terminer la balade le lendemain.

Ces deux jours de randonnée se déroulent dans un cadre absolument fantastique. Si l’apparente difficulté ou la longueur des étapes vous rebutent, rien ne vous empêche de partir à la journée au lac de Ranu Kumbolo ou d’aller simplement camper à Kalimati. Ce qui est sûr, c’est qu’il serait dommage de passer à côté d’un tel spectacle sans prendre le temps de s’arrêter !